Qu’est-ce qu’une MANIFESTATION PARADOXALE ?

Une manifestation est dite paradoxale
dès qu’elle peut avoir (eu) lieu tel jour et à telle heure,

et même être couronnée de succès
sans la présence du moindre manifestant.

 

La manifestation statique, prévue et autorisée devant l’entrée du Musée des Beaux-Arts, 3 rue de la Régence à Bruxelles le mardi 28 février 2012 à 13 h est clairement paradoxale puisqu’elle s'intitule :

« Manif pour la réouverture
du Musée d’Art moderne
    par ceux qui ignoraient
son existence ! »

Cette manifestation est un événement belgo-cruel 100 % garanti !

VOIR ICI LE BILAN ENTHOUSIASMANT DE LA MANIFESTATION

Pourquoi le 28 février 2012 ?
Parce que c’est (presque) la date anniversaire du fameux appel de l’artiste Bernard Villers du 18 février 2011 à s'indigner de la fermeture dudit Musée annoncée le 1er février 2011 par Michel Draguet, le conservateur du Musée des Beaux-Arts.

Pourquoi ne pas avoir pris part aux manifestations mensuelles organisées par la « bande à Villers » ?
Parce que la proposition faite par le Collectif MANIFESTEMENT de rectifier le tir est restée sans réponse. Nous nous sommes en effet d'emblée étonnés de la philosophie muséale élitiste, voire réactionnaire, sous-jacente à la bande à Villers. Qu’il suffise ici de citer les premières lignes de leur déclaration, sur lesquelles s'ouvre leur site :

Suite à un appel lancé par l’artiste Bernard Villers le 18 février 2011, un groupe d’artistes, de galeristes, de commissaires d’expositions, de collectionneurs, d’enseignants, d’amateurs et d’historiens d’art, se mobilise contre la fermeture du Musée d’Art moderne.
           
Tout est dit. Ce sont ceux qui on un intérêt personnel (que ce soit en termes de profession, de finance, d’investissement, d'emploi et / ou de notoriété) à l’existence d’un Musée d’Art moderne qui se mobilisent contre sa fermeture… alors que 99 % du reste de la population, ceux, les seuls, pour qui un musée a un potentiel émancipateur et ceux, les seuls, qui justifient l’investissement des deniers publics dans le maintien d’un musée, sont laissés sur la touche, ne sont même pas mentionnés, ne fût-ce que pour faire joli ou donner un vernis démocratique à l’opération.

Pire, soucieuse exclusivement de ses propres intérêts corporatistes, la bande à Villers ne remonte pas au déficit démocratique originel de ce Musée d’Art moderne, à savoir que 99 % de la population ignore toujours son existence 28 ans après son inauguration. Il eût donc fallu profiter de l'annonce catastrophique de la fermeture du Musée pour remettre l’église de l’éducation, de l’émancipation et de la délectation au milieu du village muséal.

Ecouter ici un florilège très représentatif des amis des arts qui ont participé à la dernière manifestation mensuelle de la bande à Villers le 1er février 2012 au micro d'Annabelle Dupret*

Il fallait faire venir les jeunes, les écoles, les chômeurs, les retraités, les SDF, les supporters de foot, les amateurs de jeux vidéo, les collectionneurs de coucous suisses,... et non rameuter le ban et l'arrière ban des vieux routiers de l'art officiel ! Michel Draguet a raison d'être « un peu surpris que ces gens [de la bande à Villers] considèrent que ce musée est leur musée. » **

En un mot, seuls ceux qui ignoraient que le Musée d’art moderne existât sont fondés politiquement à en exiger la réouverture. Le Collectif MANIFESTEMENT les invite à se manifester le 28 février à 13 h.

Cette manifestation a-t-elle encore un sens maintenant que, ayant pris le dossier en main, le ministre Paul Magnette vient d'annoncer la réouverture du Musée d'ici 2014 ?
Absolument. Les promesses ministérielles ont d'autant plus de chances d'être tenues qu'elles satisfont, non une clique de nantis culturels privilégiés, mais la population dans son ensemble.

Et si personne ne vient à cette manifestation ?
Ce sera la preuvre que 99 % de la population ignore l'existence de ce Musée. Ce qui devrait alarmer nos édiles politiques.

Et si vous parvenez à mobiliser la grande foule ?
Ce sera la preuve que 99 % de la population se soulève contre la fermeture du Musée. Ce qui devrait motiver nos édiles politiques.

Un dernier mot pour décider les sceptiques ?
Ce sera une vraie manifestation, dans l'espace public, sur le trottoir en face de l'entrée du Musée des Beaux-Arts, avec des slogans, un hymne et des cris de désespoir et de joie mêlés !***

Et après la manif, il se passe quoi ?
Comme après toutes les vraies manifs, on va boire un coup, et même deux, pour débriefer grave et se refaire le film de la manif et conclure que ç'a été un succès et qu'on a inventé la "manif paradoxale" et que c'est trop stylé... Et on essaie de tenir sur ces thèmes jusqu'à 18h, puisque c'est l'heure à laquelle la bande à Villers organise un "débat ouvert à tous" (sic!) à l’ARBA/ESA, 144 rue du Midi, 1000 Bruxelles : sûr qu'on sera là en nombre !

Euh... c'est quoi, l’ARBA/ESA ?
Aucune idée... Ils n'expliquent pas (voir ici infra)... Un truc limpide seulement pour la clique des nantis culturels... Mais on y sera et on se fera entendre!!!!

fv

* Annabelle Dupret a aussi interviewé Anne Marie Rona, directrice de la galerie Les Contemporains, et un des piliers de la bande à Villers. Edifiant :
**
Interview parue Flux News, avril-mai-juin 2011.
*** Les « manifestations mensuelles » de la bande à Villers consistaient en réalité en réunion bien au chaud dans le grand hall d'entrée du Musée des Beaux-Arts... Et jamais en fin de journée, et jamais le week-end, bref jamais pour les « vraies gens » (comme disent les faux fausses).

 

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